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vendredi 24 septembre 2021

 


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Zemmour-Mélenchon sur BFM TV : un débat de civilisation, frontal et cultivé

C’est un beau débat entre deux adversaires de grande culture qui se respectent mais ne se font pas de cadeaux. À sept mois de l’échéance présidentielle, Éric Zemmour a fait face, plus de deux heures durant, sur BFM TV, jeudi soir 23 septembre, au leader de La France Insoumise Jean-Luc Mélenchon. Les deux hommes avaient donné le ton en rendant  à leur adversaire dès le début de la confrontation que Mélenchon veut laisser dans les cordes de la bienséance : « Ni match, ni guerre de coqs, ni perfidie mondaine », dit-il. Zemmour cite ceux qui ont refusé la confrontation : Barnier, Bertrand, Le Pen. « Mélenchon accepte et ce n’est pas un hasard, estime Zemmour. Lui comme moi aimons l’Histoire et la connaissons. » L’ancien journaliste de  insiste sur l’enjeu du débat, un « enjeu de civilisation, un point de bascule ». Le ton est donné. On entendra des citations de Bachelard à Rabelais et peu de mots d’oiseaux, tout juste un « petit bonhomme » décoché par Mélenchon qui s’attirera un « oui, Grand Timonier » rigolard de Zemmour.

Deux heures plus tard, Mélenchon conclura sur une envolée lyrique comme il les aime, brodant sur les dangers d’une apocalypse écologique liée au réchauffement climatique. Commentaire de Zemmour : « Mélenchon veut sauver la planète, moi je veux beaucoup plus modestement sauver la France. » Entre ces deux moments, les deux hommes se sont vivement affrontés, mettant parfois en avant leur proximité d’analyse, sur le hold-up que représenta le référendum sur le traité constitutionnel en 2005, par exemple, ou s’opposant frontalement.

Combatif, précis, Éric Zemmour rend coup pour coup. Quand Mélenchon lui lance « Vous êtes un danger pour notre pays », Zemmour réplique « Dans votre camp, on ne combat pas, on guillotine ». Il évoque les camps de travail et les asiles de l’archipel communiste. « Vous n’avez jamais dénoncé ces crimes », rappelle-t-il.

La France a-t-elle tout fait pour intégrer ? demandent les animateurs. Zemmour évacue sans ménagement : « Ce n’est pas le sujet », dit-il. Il dénonce « la folie criminelle qui laisse venir depuis quarante ans des millions d’immigrés musulmans hostiles à la civilisation chrétienne ». Et désigne les responsables face à Mélenchon : « Vous et les élites françaises. » Quand Zemmour évoque les ravages du regroupement familial, Mélenchon rétorque : « Ce sont des êtres humains qui ont des familles. » Justement, Zemmour a fait les comptes, il arrive 400.000 immigrés par an, soit deux millions sous le mandat de Macron, calcule-t-il, citant l’INSEE. Des chiffres contestés par Mélenchon qui se base, curieusement, sur l’augmentation de la population française totale. La cellule de fact-checking mise en place par BFM TV contestera aussi les chiffres.

Le candidat de La France Insoumise entame alors un long éloge de ce qu’il appelle « la créolisation », nouvelle formule pour désigner le métissage. « Les êtres humains se rassemblent et forment quelque chose de commun […], explique Mélenchon. […] Vous ne chasserez pas les musulmans », jure-t-il. À la créolisation, Zemmour oppose l’assimilation, soit « l’intégration sans douleur ». Sur ce terrain comme sur d’autres, Zemmour s’attache à démontrer à quel point son adversaire a changé d’avis et de position. « Mélenchon a trahi Mélenchon, lui dira-t-il, plus tard, dans le débat. Je cours après une certaine idée de la France qui a été la vôtre. » Mélenchon, lui, assume pleinement ses revirements et revendique les principes de la République et de la Révolution. Lorsqu’on aborde la burka, il se dit « contre la  de la tenue des femmes. J’ai vécu dans un monde où les femmes, même celles de ma famille, portaient un foulard ! » Les faits lui échappent. L’insécurité ? « Oui, il y a de l’insécurité, il y en a toujours plus car il y a plus de misère », assure Mélenchon. Il veut réformer la police, dissoudre la BAC… Zemmour lui oppose des chiffres. La France est passée, affirme le polémiste, de 15 crimes pour 1.000 habitants, dans les années 1960, à 60 crimes pour 1.000 habitants aujourd’hui et 1.000 agressions par jour, dont 130 au couteau. Les chiffres seront à nouveau ramenés par les « vérificateurs » de BFM TV à 700 agressions par jour. Zemmour défend les policiers, détestés des caïds de la  mais « en phase avec le reste de la population ». Il estime que « la France n’est pas raciste quand elle défend sa culture et sa civilisation ».

Les deux hommes s’opposent encore sur le diagnostic de l’état de la France. « Le pays est riche, les gens sont pauvres », dit Mélenchon, quand Zemmour voit plutôt « un pays en voie de déclin ». Et appuie son opinion chiffres en main, montrant l’impact d’une  incontrôlée qui ruine, dans la tête des Français, l’utilité même du vote. Mais on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif et il n’y a de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. En fin de débat, un sondage Mediavenir donne l’avantage à Mélenchon à 57 %, mais Zemmour affiche 43 % de convaincus.

mercredi 22 septembre 2021

 

Quand les harkis étaient conspués par la gauche

Ainsi donc, quelques jours avant le 25 septembre, journée d’ national aux harkis,  annonce une loi à venir « de reconnaissance et de réparation » à leur endroit. C’est fort, très fort, trop fort. Si fort que la droite réunie vacille, interdite, et doit reconfigurer son logiciel. Comment ne pas se réjouir, mais comment ne pas non plus flairer l’entourloupe à plein nez ?

C’est Jacques Chirac, en 2003, qui avait instauré cette journée d’«  national aux harkis et aux forces supplétives ». C’est Julien Aubert, en juillet dernier, qui, avec 33 députés LR, avait, dans une tribune, demandé à Emmanuel Macron de faire un geste pour les harkis.

Si l’on remonte encore plus loin, force et de reconnaître que c’est la droite, et souvent même la droite la plus dure, qui a prêché dans le désert pour les harkis. « Seul depuis le premier jour le Front national aura proclamé la vérité sur la honteuse trahison dont furent victimes ceux loyaux à notre France », écrit Jean-Marie Le Pen sur Twitter. Un attachement pour ces soldats musulmans, français jusqu’au sang versé, dans lequel a été élevée Marine Le Pen, et qui explique sans doute qu’aujourd’hui, son discours sur la miscibilité de l’islam en France soit moins catégorique que certains le voudraient.

De fait, le peu de cas qui a été fait des harkis arrivant sur notre sol à la fin de la guerre d’Algérie est évidemment intimement lié au parti pris pro-FLN des élites politiques, médiatiques, intellectuelles de l’époque. Les harkis étaient perçus par leurs coreligionnaires indépendantistes comme des traîtres. Et étaient donc méprisés jusqu’en « métropole ». Pour avoir trop aimé notre pays et l’avoir défendu comme des Français à part entière, ils ont été, en somme, les premiers « Arabes de service », « collabeurs », « bounty », « nègres de maison », « native informant » – comme sont usuellement qualifiés, sur les réseaux sociaux, Linda Kebbab, Jean Messiha, Kamel Daoud, l’imam Chalghoumi, Rachel Khan… par l’extrême gauche – et l’ont payé de la pire des façons. Les seuls à avoir fait montre d’empathie pour eux ont donc été leurs frères d’armes, ceux qui avaient lutté à leur côté, et mangé le même « pain de la misère », pour reprendre l’expression du chanteur pied-noir Jean-Pax Méfret. Le massacre dont ils ont fait l’objet, la trahison sans vergogne des accords d’Évian, le sentiment tragique d’impuissance mêlée de culpabilité qui a étreint alors les militaires forcés de les abandonner n’ont du reste pas été pour rien dans l’engagement « OAS » de ces derniers (à l’instar du célèbre commandant Guillaume, alias le Crabe-Tambour).

Oui, comment la droite, au sens large, pourrait-elle faire autrement que saluer le geste… et s’indigner en même temps (!) de l’ingénieuse schizophrénie d’un gouvernement capable, presque simultanément, de déposer une gerbe devant le monument des « martyrs du FLN » à Alger et de rendre  en des termes élogieux – « figure majeure de l’histoire contemporaine de l’Algérie » – à celui qui, en 2000, avait traité les harkis de « collabos », feu Abdelaziz Bouteflika.

 

Que la France n’ait pas été à la hauteur est un fait, mais le sort des harkis sur notre sol est toujours plus enviable que celui, atroce, subi par ceux qui sont restés en Algérie. Algérie toujours prompte à battre la coulpe des autres mais qui n’a jamais reconnu ses exactions, fait repentance pour les dizaines de milliers de harkis et pieds-noirs morts ou disparus. Emmanuel Macron n’en a demandé aucun compte, comme si lever le voile sur les vrais tortionnaires reviendrait à donner du grain à moudre au moulin réactionnaire. Il préfère retourner comme une chaussette la cause des harkis à son profit ; soyons bons joueurs, reconnaissons que l’exercice est assez réussi ! Ce n’est pas leur statut ô combien honorable de soldat valeureux, patriote et sacrifié qui est mis en avant, mais celui d’Arabe musulman, auquel la France doit éternellement et ontologiquement demander pardon… même s’il a été assassiné par d’autres Arabes musulmans. Emballez, c’est pesé ! Le tour est dans le sac et vient s’inscrire astucieusement, ni vu ni connu, dans la grille de lecture antiraciste de la gauche. Chapeau, maestro ! Supplétifs les harkis sont, supplétifs les harkis restent, mais, cette fois, de l’armée électorale d’Emmanuel Macron.

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28 COMMENTAIRE(S)
le plus populaire 
Dominique Montant
Dominique Montant

Madame Cluzel , je vous regarde sur C News et je trouve que vous avez bien du courage , car j’ai remarqué et cela n’est pas la première fois , que l’on ne vous laisse jamais finir vos phrases , on parle en même temps que vous , on vous coupe sans arrêt la parole surtout lorsque vos propos ne leur correspondent pas , vous êtes obligé d’élever le ton pour vous faire entendre ,vraiment Madame Cluzel vous êtes une personne courageuse que j’admire beaucoup .

Yves Le Pog
Yves Le Pog

Aucune confiance dans ce psychopathe, les discours politique de Macron sont destinés à donner aux mensonges l’accent de la vérité.

J.p.DROUIN
J.p.DROUIN

Il n’y a pas que les Harkis a avoir été maltraités en France. Les pieds noirs ont eu leur lot de misères. En 1962 lorsqu’arrivaient les bateaux chargés d’expatriés à Marseille, les grutiers cégétistes qui déchargeaient les conteneurs descendaient ces derniers jusque sous la surface de l’eau pour “noyer” le peu de ce que ramenaient les pieds noirs ; et Gaston Deferre (maire de Marseille) d’ajouter :” qu’ils aillent se faire pendre ailleurs, nous n’en voulons pas à Marseille ” !!

richard TAILHARDAT
richard TAILHARDAT

Depuis longtemps je fais partie de vos admirateurs et apprécie votre combat aussi bien sur les médias que sur boulevard Voltaire et vos propos d’aujourd’hui me procure un immense plaisir car moi qui suis contemporains de cette époque j’apprécie particulièrement votre vision des événements surtout que (tant mieux pour vous!!) Vous étiez trop jeune votre compréhension en est d’autant plus remarquable
Alors encore bravo et merci

Pounet
Pounet

Le problème des Harkis et la façon dont ils ont été traités en 1962 est une infamie , et la droite LR qui se dit Gaulliste ne peut qu’être mal à l’aise avec cette histoire , car c’est De Gaulle qui a demandé de les abandonner à cette époque d’où la révolte des généraux et de la plupart des jeunes officiers de l’époque et l’OAS.

Lechonch
Lechonch

Au drame des harkis, il faut ajouter le drame de ceux qui les ont abandonné. Les militaires qui se sont retirés d’Algérie ont du laisser derrière eux ces hommes et leurs familles en sachant pertinemment ce qui allait leur arriver. Cela a hanté mon père toute sa vie.

Balazs
Balazs

Excellent article de Gabrielle Cluzel , comme toujours !

gerard
gerard

Macron ou l’art de la récuperation j’espère que ls Français d’origine musulmane anciens harkis ne seront pas dupes de l’os a ronger qui leur est lancé ce président en fin de course pour récupérer leur vote

Dl CLUZ
Dl CLUZ

Enfin un article objectif sur cette période
Merci Mme CLUZEL ,vous êtres une vraie journaliste comme nous aimerions en avoir beaucoup !!

Tony Truand
Tony Truand

Ce sont De Gaulle et Messmer les véritables responsables de la façon dont ont été horriblement et honteusement traités les harkis et ils ne sont plus là pour rendre des comptes. Alors laissons les historiens faire leur métier et cessons de faire acte de repentance à tous propos.
Les français d’aujourd’hui ont bien d’autres choses à faire.

ANTISYSTEME59
ANTISYSTEME59

Espérons que les harkis ne soient pas dupes, et récompensent macron le “corrupteur électoral” par un vote massif contre sa candidature !

Pagés . A
Pagés . A

cette repentance tardive même si elle est juste ne grandit pas le président car les harkis méritent autre chose qu’une considération électorale.

gerard meulien
gerard meulien

I’am sorry (a l’americaine),mais va t il faire modifier les manuels scolaires pour,enfin raconter la guerre civile qui nous a dechire?

Loubiarnès
Loubiarnès

La France n’a pas à demander pardon, elle doit reconnaître la faute et la trahison des autorités de l’époque qui n’ont pas fait respecter les accords d’Evian, et qui n’ont pas protégé ses harkis, qui étaient Français. Que les responsables , en tête De Gaulle , patron incontesté, soient mis en cause, ne serait que vérité historique. Et MLP à raison, ces harkis et fils de harkis musulmans

Bernard
Bernard

À force de soupoudrer “mesures et argent” à tous vents, la tempête pourrait se lever pour le président !

Michel BERAUDO-MARCH
Michel BERAUDO-MARCH

Merci Gabrielle pour vôtre courageux engagement et en particulier pour vos interventions récentes au sujet des harkis, sujet qui me touche particulièrement eu égard à la mémoire de mon père, né en Algérie, officier aux AMM, qui eut sous ses ordres de ces hommes lors de la campagne d’Italie, puis en Indochine, au Maroc et en Algérie. Les liens tissés avec eux ont sans doute joué aussi dans ses engagements lors des “évènements” d’Algérie.

Bardois
Bardois

Repentir de circonstance particulièrement honteux qui bouleverse tous ceux qui se sont préoccupés du sort tragique réservé par les gaullistes et la gauche, en France, et le FLN, en Algérie, aux soldats algériens qui se sont engagés aux côtés de l’armée française. Les actes et les paroles insoutenables font partie de l’Histoire et, soixante ans après, les simagrées d’usage électoralistes sont méprisables.

Frabois
Frabois

Merci Gabrielle, vous êtes sublime, Bravo !

Vieuréac
Vieuréac

Entre les virages à 180° de la gauche et le roi du “en même temps” :) !

Zeromino
Zeromino

La FRANCE a perdu toute sa crédibilité en rejetant CEUX qui se sont battus pour ELLE et a ainsi récolté le mépris de TOUS les anciens colonisés. De Gaulle en sacrifiant le PATRIOTISME des harkis a ouvert la porte aux idéologies MONDIALISTES. Mai 68 qui l’a obligé à fuir à Baden Baden en a été le premier symptôme,ensuite l’union de la g^che Et les RPR,UMP ,LR qui ont entériné le regroupement familial de Giscard ne sont en réalité de droite que par leur vision économique (cf sarko).

Ferrer
Ferrer

Bravo Mme Cluzel pour votre courage et votre article.
La repentance vis-à-vis des harkis n’est pas nécessaire. Il faut surtout rappeler honnêtement les faits historiques que ce soit du côté français, que surtout côté FLN.

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